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Haemophilus influenzae est un petit bacille à Gram négatif (1-2 x 0.3 μ), exigeant pour croître des facteurs contenus dans le sang ( le NAD [ facteur V ] et l’hémine [facteur X ] ), pathogène à multiplication extracellulaire, résistant à la phagocytose. H. influenzae est une bactérie aéro-anaérobie, immobile et parfois capsulé. La capsule est un facteur majeur de virulence. Il existe 6 antigènes capsulaires (sérotypes a, b, c, d, e, f). La nécessité en facteurs V et X permet de distinguer H. influenzae de H. parainfluenzae qui ne requiert que le facteur V.
Colonies de H influenzae sur gélose au sang

Infections à H influenzae

H influenzae est une cause majeure d’infections ORL (otites, sinusites…), et est rarement impliqué dans les pneu-monies aiguës (2-18% des cas). En revanche, il est souvent en cause dans les surinfections bronchiques,notamment lorsqu'il existe une broncho-pneumoathie chronique (BPCO, mucoviscidose). L'incidence des infections pulmonaires à H. influenzae chez l'enfant est probablement inférieure 2 %. Chez l'adulte, l'incidence est difficile à déterminer dans la mesure où l'infection respiratoire à H. influenzae est fréquemment associée à S. pneumoniae.

Physiopathologie des infections à H influenzae. et immunité

Haemophilus influenzae est une bactérie pathogène à multiplication extracellulaire, résistant à la phagocytose. La 1ère étape est la colonisation du tractus respiratoire.

Les bactéries adhèrent aux cellules épithéliales et au mucus et stimulent la production de mucus, d’histamine, et de médiateurs pro-inflammatoires (Il-8, Il-6, TNF-α).
Epithélium cilié respiratoire non colonisé (gauche) et colonisé par H influenzae

Puis, les bactéries envahissent l’épithélium respiratoire et peuvent disséminer donnant des septicémies avec métastases. Parmi les nombreux facteurs de virulence, il faut citer un lipo-oligosaccharide cytotoxique et cilio-toxique, stimulant la réponse inflammatoire, des adhésines ( fimbriales [Hia, Hap] et non-fimbriales [OMP2, OMP5, HMW1,HMW2]), une capsule polysaccharide anti-phagocytaire et les IgA protéases. L’immunité anti-H influenzae est humorale, avec production d’anticorps anti-capsulaires et anti-adhésines et anti-oligosaccharides. Ces anticorps sont protecteurs. Après colonisation du naso-pharynx, les souches capsulées sont rapidement éradiquées et rempla-cées par des souches persistantes sans capsule.

Epidémiologie des infections à H influenzae.

H. influenzae est une bactérie de la flore commensale du pharynx strictement inféodée à l'homme qui est le seul réservoir connu. L'exposition à H. influenzae commence dès la naissance et la colonisation est généralement importante tôt au cours de l'enfance et persiste malgré la prise d'antibiotiques. A l'âge adulte, environ 80 % des sujets sont porteurs sains de souches non-capsulées de H. influenzae. Cette notion est essentielle car il est normal de l'isoler à partir d'un prélèvement des voies respiratoires supérieures. Cependant seulement 3 - 5 % des personnes sont colonisés avec des souches capsulées donc virulentes, dont 2-4% à H influen-zae b et 1-2% H influenzae b (a, c-f). La transmission interhumaine se fait l'inhalation de gouttelettes de salive ou par le contact direct avec des sécrétions contaminées. Parmi les 6 sérotypes capsulaires, le sérotype b est le plus fréquent et le plus pathogène. Les souches non-capsulées sont rencontrées dans les surinfections bronchiques, les otites et les sinusites. Les souches capsulées b sont responsables de méningites, épiglottites, arthrites septiques et pneumopathies. Les souches de sérotypes a, c-f sont rarement pathogènes. 
Diagnostic des infections à H influenzae

Le diagnostic bactériologique d'infection respiratoire à H. influenzae repose sur l’isolement et l'identification de la bactérie à partir d'un prélèvement pulmonaire protégé afin d'éviter tout contamination par la flore commensale du pharynx. Devant une pneumopathie, l'isolement de H. influenzae dans le sang par hémoculture (rarement par ponction pleurale en cas d’épanchement pleural) permet d'impliquer la bactérie comme agent étiologique de l'atteinte du parenchyme pulmonaire.

L’étude de la sensibilité aux antibiotiques permet d’observer qu’environ 30-40% des souches de H. influenzae produisent une β-lactamases type TEM-1 (90%) ou ROB-1 (10%). Il existe des souches résistantes à l’amoxicilline-acide clavulanique sans production de β-lactamases, par altération des PBPs (actuellement <1%). Les taux de résistances aux autres Augmentin®). Les autres antibiotiques habituellement actifs sont les céphalosporines de 2ème génération ( céfixime, cefpodoxime, céfuroxime) et de 3ème génération (céfotaxime, ceftriaxone) qui résistent aux β-lactamases, les macrolides (azitro-mycine, clarythromycine), une quinolone (chez l’adulte) ou le trimetoprime-sulfametoxazole (Bactrim®).


 
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