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Les conditions de culture sont les milieux de culture, la présence ou non d’oxygène et la température d’incubation des bactéries.

Milieux de culture
La majorité des bactéries croissent in vitro sur milieux de culture (milieux gélosés et bouillons) : milieux ordinaires (type gélose trypticase-soja), milieux enrichis (sérum, sang, ascite…), milieux sélectifs (contenant des antiseptiques), milieux liquides d'enrichissement (contenant des antiseptiques ou incubés à une température non permissive pour la flore commensale mais laissant croître certaines bactéries pathogènes).

Aérobiose et température
          Les bactéries sont incubées en aérobie ou anaérobie, ou en présence de C02 ( 5-10%), définissant des bactéries aérobies, anaérobies ou microaérophiles (10% O2 ). La température d’incubation est habituellement de 35-37°C.

vitesse de croissance
(1) La vitesse de croissance peut être rapide en 24-48h, (20 min à 60 min de temps de génération pour la plupart des bactéries médicales courantes, telles que staphylocoques, streptocoques, entérobactéries…).

(2) Certaines bactéries ont une croissance lente : Mycobacterium tuberculosis (tuberculose) croît en 2-3 semaines (temps de génération 24-48 h).

(3) Certaines bactéries ne peuvent être cultivées in vitro (Mycobacterium leprae, Treponema pallidum) et ont un temps de génération très long in vivo chez l’animal de 12-14 jours.

(4) Certaines bactéries nécessitent des milieux de culture particuliers leur fournissant les nutriments et les conditions (osmolarité…) nécessaires à leur croissance ( Mycoplasma, Borrelia, Leptospira).

(5) Certaines bactéries sont des parasites intracellulaires stricts, comme les virus, et requiert des milieux de culture cellulaire (Chlamydia, Rickettsia, Trophe-ryma whippelii).

Les colonies
        Pour la plupart des bactéries médicales courantes(staphylocoques, streptocoques, entérobactéries…), des colonies visible à l’œil nu apparaissent sur la gélose habituellement en 24-48 h. Chaque colonie correspond à environ 1-2 x 109 bactéries et résulte de la multiplication rapide d’une seule bactérie (‘’clonage"). On note l’aspect des colonies, leur taille (1-3 mm), leur éventuelle pigmentation (vert, jaune, rouge…), la présence d’une hémolyse sur gélose au sang. La suite du processus d’identification part de colonies isolées pour définir les caractères biochimiques d’identification.
Colonies de E coli en formation au bout de 4h. Descendance d’une seule bactérie.
Colonies de H influenzae (gélose sang)


Identification de l’espèce bactérienne

On identifie la bactérie suspecte dans des produits pathologiques sur des caractères morphologiques, nutrition-nelles, respiratoires et biochimiques.
Les caractères morphologiques des bactéries et de leurs colonies :
(1) coque, bacille, bactérie spiralée
(2) bactérie à Gram positif ou négatif, ou non colorable par la coloration de Gram ( Ziehl-Neelsen : mycobactéries…).
- Les exigences nutritionnelles : bactérie nécessitant des milieux enrichis (hémine, ascite, sérum, sang ...) et requérant ou non des facteurs de croissance : bactéries auxotrophes (facteurs de croissance : aminoacides, vitamines…) ou prototrophes (croissan-ce sans facteur de croissance).
- Les propriétés de respiration et de fermentation : bactérie aérobie, anaérobie ou aéro-anaérobie, capable de respiration et/ou de fermentation des sucres, utilisation des sucres (fermentation avec ou sans gaz) détectée par les galeries dites API.
- La production d’enzymes (catalase, oxydase, nitrate-réductase, protéases, lécithinases,...)
L’ensemble de ces caractères biochimiques définit le phénotype de la bactérie ou biotype.

Galeries API


Exemples :

Isolement et identification de S aureus

Isolement et identification de V cholerae

Identification de la souche

Dans un but épidémiologique, on est amené à préciser l’identité de la souche en cause:
- la constitution antigénique du pathogène : d’après les antigènes du lipopolysaccharide (LPS) pour les bactéries à Gram - , des polyosides capsulaires, des protéines d'enveloppe externe , permettant ainsi le sérotypage par agglutination avec des sérums spécifiques.

- la sensibilité à une batterie de phages permet aussi de définir des lysotypes (lysotypie).
- Les techniques de biologie moléculaire donnent de nouveaux outils épidémiologiques permettant de définir avec la précision des ‘’empreintes digitales’’ la singularité d’une souche bactérienne. Les techniques les plus utilisées sont électrophorèse en champ pulsé (PFGE), ribotypage et random PCR. Ces techniques sont très utilisées pour détecter des épidémies

Antibiogramme

L’antibiogramme définit in vitro la sensibilité des bactéries pathogènes. On utilise largement la méthode des disques, qui permet de voir le diamètre d’inhibition de croissance autour des disques imprégnés d’antibiotiques. Cette méthode standardisée donne de bons résultats en pratique. Elle peut être complétée par des méthodes plus sophistiquées telles que la détermination des concentrations minimales inhibitrices (CMI) et des concentrations minimales bactéricides. On définit ainsi un phénotype de résistance naturel ou acquis.
Antibiogramme par la méthode des disques

L’ensemble de ces techniques classiques permet la plupart du temps de résoudre les problèmes courants et de classer les bactéries sur des critères objectifs et reproductibles, et de définir le genre et l’espèce de chaque bactérie pathogène, ce qui guide l’antibiothérapie.


Apport des méthodes moléculaires au diagnostic

Les méthodes de biologie moléculaire peuvent, dans des situations cliniques limitées, améliorer le diagnostic bactériologique direct. Ces méthodes sont basées sur la polymerase chain reaction (PCR) qui est utilisée pour détecter des séquences bactériennes spécifiques de certaines bactéries pathogènes. Les avantages principaux de la PCR sont d’augmenter considérablement la sensibilité de détection des microorganismes et de pouvoir déceler des microorganismes éventuellement non viables.

(1) la PCR pour reconnaître des bactéries suspectées par la clinique :
La PCR utilisant des primers spécifiques peut tenter de détecter directement dans les produits pathologiques des fragments de génomes bactériens. C’est un apport important pour le diagnostic des infections dues à des bactéries à croissance lente, difficile ou impossible :
- Bordetella pertussis, agent de la coqueluche, bacille Gram négatif à croissance difficile
- les bactéries à croissance intracellulaire stricts : Chlamydia trachomatis et C pneumoniae responsable d’infections pulmonaires, oculaires et génitales, Rickettsia spp (agent des typhus), Tropheryma whippeli, agent de la maladie de Whipple
- les mycobactéries de la tuberculose (Mycobacterium tuberculosis, M bovis) et de la lèpre (Mycobacterium leprae)
- les mycoplasmes : Mycoplasma pneumoniae, Ureaplasma urealyticum, (responsables d’infections pulmonaires et génitales)
- Treponema pallidum, agent de la syphilis La PCR pourrait aussi être utile pour les infections où le diagnostic doit être rapidement établi (méningites), ou pour détecter une résistance aux antibiotiques d’une bactérie à croissance lente, telle que M. tuberculosis .

(2) La PCR pour identifier une bactérie inconnue dans les tissus infectés et en culture
L’amplification de séquences de rDNA utilisant des primers universels ou de certains gènes bactériens (gènes sod de la superoxyde-dismutase, rpoB de la RNA polymérase …) avec des primers spécifiques, peut être utile dans certains contextes cliniques difficiles, tels que les infections torpides des immunodéprimés. Grâce aux banques de données, on peut identifier une bactérie difficile à classer dans l’arbre phylogénétique.

Le diagnostic indirect : détection des anticorps spécifiques

Le sérodiagnostic est un appoint au diagnostic direct. Il est très utile dans certains cas.
Les meilleures indications sont :

(1) le diagnostic d’une infection due à une bactérie à croissance difficile ou impossible (Treponema pallidum, Chlamydia, Rickettsia, Leptospira, Borrelia...),
(2) le diagnostic d’infections décapitées par les antibiotiques (antibiothérapie précoce)
(3) le diagnostic rétrospectif d’une infection récente
(4) les études épidémiologiques cher-chant à déterminer l’impact d’un micro-organisme sur une population.

Cinétique de la production des anticorps

La valeur du sérodiagnostic est fortement augmentée par la mise en évidence d’ une cinétique de la production des anticorps. Les anticorps apparaissent en 7-10 j en utilisant les techniques habituelles de détection (agglutination, ELISA…), avec apparition d’IgM spécifiques. Le pic de production est entre 21 et 30 j, les titres diminuant ensuite pour atteindre un taux résiduel (IgG) après 2-3 mois qui persistera des années.


Interprétation du sérodiagnostic

On doit donc pratiquer deux tests sérologiques à 15 jours d’intervalle : un sérum le plus précoce possible après le début clinique (souvent négatif), un sérum tardif 15 jours plus tard. Si ce 2ème test est positif, on parle de séroconversion (apparition d’anticorps spécifiques). La mise en évidence d’une ascension des titres d’anticorps est aussi un bon signe en faveur d’une infection en évolution (souvent une primo-infection). Cependant, il faut garder à l’esprit la possibilité de réactions antigéniques croisées fréquentes avec d’autres bactéries. Le sérodiagnostic est donc un diagnostic de suspicion. Son interprétation attachera une bonne valeur à la détection d’IgM, d’une séroconversion, ou d’une ascension des titres d’anticorps.


Classification très simplifiée des bactéries d’intérêt médical.



Le principe des principales méthodes d’épidémiologie moléculaire utilisées en bactériologie



 
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