Les staphylocoques sont des coques Gram positifs en amas très
répandus dans la nature, responsables d'un très grand nombre d'infections chez
l'homme et l'animal.
Staphylocoques au microscope électronique
Ce sont des bactéries résistantes aux conditions hostiles de
l'environnement (chaleur, sécheresse, salinité). Ce sont des bactéries
ubiquitaires et saprophytes qui peuvent occasionnellement coloniser la peau et
les muqueuses de l'homme et des animaux. En fait, 50% des sujets normaux sont
porteurs de différentes espèces de staphylocoques (nez, gorge, mains, périnée,
selles). Certaines espèces ont une virulence particulière du fait de la
production de nombreuses toxines et enzymes extracellulaires (Staphylococcus
aureus). D’autres sont peu virulentes mais souvent à l’origine d’infections
nosocomiales (Staphylo-coccus epidermidis…). S aureus est une des
causes majeures d'infections humaines, responsables en milieu communautaire de
1 à 5% des infections observées. En milieu hospitalier, 10 à 20% des
septicémies sont dues à S. aureus.
Infections à staphylocoques et épidémiologie
Les infections à staphylocoque doré (S. aureus) ont une
symptomatologie très polymorphe et sont très fréquentes en milieu hospitalier.
Ces bactéries sont souvent résistantes à de multiples antibiotiques qui sont
sélectionnés par des antibiothérapies itératives, en particulier chez les
patients aux défenses affaiblies. En dehors de S. aureus, d'autres
espèces dites à coagulase négative sont rencontrées (S epidermidis, S
saprophyticus, S haemoly-ticus), particulièrement responsables d'infections
opportunistes en milieu hospitalier.
Les porteurs de S. aureus
Dès la naissance, les souches de S. aureus colonisent la
peau, l'ombilic, le tube digestif, et la région périnéale des nouveau-nés. S.
aureus est présent de façon intermittente ou permanente sur la muqueuse du
naso-pharynx (20 à 40% de porteurs), et chez les femmes dans la muqueuse
vaginale (10%). Ce portage augmente en fonction du terrain (diabète,
hémodialysés chroniques, héroïnomanes). Les souches de staphylocoque existent
dans l'environnement et survivent longtemps, résistant à la dessiccation et aux
antiseptiques.
Staphylocoques dans un pore cutané
Les infections à S. aureus
Ces infections sont très fréquentes et très répandues dans le monde
entier, la plupart du temps d'origine endogène.
Elles peuvent être manuportées d'homme à homme, ou transmises par
l'intermédiaire de matériels ou d'environnements contaminés. Les antibiotiques
sélectionnent des germes multirésistants.
Infections cutanéo-muqueuses à S. aureus
Les infections cutanées à S. aureus sont des folliculites,
des furoncles, anthrax, des impétigos, surtout chez l'enfant. S. aureus est
aussi responsables d'infections muqueuses, telles que conjonctivites,
infections génitales (salpingites), infections des voies aériennes supérieures
(sinusites, otites, mastoïdites, infections pulmonaires).
Les infections pulmonaires peuvent être particulièrement sévères,
survenant au décours d'une infection virale (grippe) ou à la suite de manœuvres
d'aspiration bronchique ou d'intubation au cours de pneumopathie primitive chez
l'immunodéprimé. Chez l'enfant, elles peuvent faire suite à la présence d'un
corps étranger. Les lésions pulmonaires sont caractérisées par la formation de
multiples abcès pulmonaires d'aspect bulleux d'évolution souvent sévère avec
des signes généraux importants. Au décours de l'accouchement, des infections de
la glande mammaire (abcès mammaires) sont fréquentes, touchant 1-3% des femmes
qui allaitent.
Infections staphylococciques graves
Certaines
infections à S. aureus sont très graves :
La
staphylococcie maligne de la face
Le syndrome de Lyell (syndrome de Ritter : maladie du jeune enfant
avec des lésions cutanées bulleuses caractéristiques)
Le syndrome de choc toxique avec diarrhées aqueuses, vomissements,
myalgies, céphalées, fièvre à 40°C, rash généralisé, choc hypovolémique (rôle
des tampons).
Les septicémies à S. aureus sont la conséquence de la
dissémination des germes à partir d'un foyer localisé et peuvent survenir chez
le non immunodéprimé, favorisées par des traumatismes locaux, des corps
étrangers (cathéters, sondes, interventions chirurgicales, brûlures étendues,
traumatismes vasculaires répétés). Une infection sous-jacente est présente dans
2/3 des cas (diabète, insuffisance rénale chronique, leucose, cancer, hépatite
chronique, immunodépression). Il faut noter la fréquence des métastases
septiques (poumons, rate, foie, cerveau, reins, muscles, os, articulations,
endothélium vasculaire, séreuses). Comme les septicémies, les endocardites
staphylococciques sont particulièrement graves. Le pronostic global des septicémies
est 20% à 30% de mortalité malgré le traitement antibiotique et la possibilité
d'évolution vers la chronicité (ostéite...) posant des problèmes thérapeutiques
difficiles.
Infections
digestives à S. aureus
Intoxications alimentaires
Ce sont des intoxications alimentaires après ingestion d'aliments
contaminés : incubation courte de 3 à 6 h, contexte non fébrile, vomissements,
diarrhées abondantes, douleurs abdominales, céphalées.
Durée 24 à 48 h et d'évolution rapidement favorable.
Entérocolites aiguës pseudomembraneuses
Ces entérocolites aiguës d'évolution sévère font partie de la
pathologie nosocomiale avec diarrhée intense et déshydratation rapide
d'évolution fatale.
Infections nosocomiales à staphylocoque à coagulase négative
S. epidermidis, germe
commensal des muqueuses et de la peau, représente 65 à 90% des souches de
staphylocoques isolés de la flore normal de l'homme. S. saprophyticus est
plus rarement rencontré en pathologie nosocomiale, de même que S.
haemolyticus et Staphylococcus hominis (rarement rencontrés). Les
infections à S. epidermidis sont rencontrées chez les sujets sous
antibiothérapie, souvent porteurs de matériels prothétiques, ou de cathéters,
aux défenses immunitaires affaiblies. Il s'agit d'infections localisées au
foyer initial qui peuvent se compliquer de bactériémies intermittentes, en
général sans localisation métastatique.
Infections urinaires à staphylocoque
Les infections urinaires à staphylocoque ne sont jamais S.
aureus. La plupart du temps, il s'agit de l’espèce S. saprophyticus,
entraînant une infection de la jeune femme avec cystite et pyurie,
pyélonéphrite dans 50% des cas. L’évolution est rapidement favorable avec
récidive possible.
S. warneri est rencontré
dans certaines infections humaines (septicémies, endocardites, conjonctivites,
infections urinaires).
Les staphylocoques sont des pathogènes majeurs des animaux
S aureus, ainsi que
d'autres espèces (S.intermedius, S.hyicus), sont des pathogènes
majeurs des animaux : furonculoses du chien (S. intermedius), mammites
des vaches, brebis et chèvres (S. aureus le plus souvent), la maladie
des abcès du mouton (S. aureus sous-espèce anaerobius) ou encore
la dermite exsudative du porcelet (S. hyicus)…